A jamais le coup de sonnette qui retentit , dans la nuit , vrille ma mémoire.
J'entends ,encore, mon mari chuchoter ,dans l'entrée, avec le visiteur nocturne et venir , dans notre chambre , avec l'impossible nouvelle :
"Domino, ton Père est mort"!
Non , ce n'était pas possible , la veille ,encore , il était avec moi et les garçons , à la maison ,au retour d'une promenade , au parc de la Tête d'or.
Il était parti, tournant dans l'escalier et me disant :
"J'ai quelque chose te dire .Demain, d'accord?"
Bien sur que j'étais d'accord .
Bien sur que j'étais d'accord .
Mais la mort clouait ses lèvres , à jamais.
J'ai adoré cet homme .Il m'a passionné par la culture , l'intelligence des êtres , des évènements qui étaient siennes.
Homme doux , affable, secret , taiseux il a tenu ma main pendant des années cruelles .
A la veille de mes fiançailles , il me fit la révélation de mes origines .
J'étais sa fille biologique , mais pas l'enfant de son épouse , la redoutable Philomène qui fit de mon enfance un enfer , lorsqu'elle eut la révélation du pot aux roses, bien avant moi.Ce qui expliqua son acharnement contre moi.
Je ne me permettrai jamais d'en juger , alors que j'ai souffert de ses brimades , de ses insultes, de ses coups , pendant si longtemps.
Je ne dis jamais rien mon Père de mes tourments .Seule , un jour ma gouvernante , mademoiselle Alice , parla .
Elle fut congédiée et je partis , en pension où je m'ennuyais , mais au calme .
J'y découvris l'amour de la lecture, de la musique qui adoucit les moeurs.
Ensuite? C'est une autre histoire!
Au seuil de sa mort , elle me demanda pardon pour la haine dont elle me poursuivit,moi le témoin vivant des turpitudes de son mari.
Salaud magnifique , quand même, le héros de mon enfance, qui m e laissa en un combat inégal avec sa femme?
Bien sur , je le lui accordai le pardon qu'elle souhaitait pour mourir en paix.
Dans tous les hommes que j'ai aimés , je l'ai recherché , désespérément, avidement , sans , jamais (encore ) le retrouver.
L'analyse que j'ai faite , à une période ma vie , m'a permis de l'accepter , ombre tutélaire , à nouveau apaisée.
Il eut le très mauvais goût de trépasser le même jour que le Général de Gaulle , à qui il vouait un culte idolâtre .
Ce hasard contraria toutes les démarches funéraires .
La France avait les yeux braqués sur Colombey les Deux Eglises et s'était paralysée au garde-à-vous de ses souvenirs.
Bertrand , notre fils qui n'avait que 4 ans , gardé par des amis leur dit , devant les funérailles retransmises , à la télévision:
"Mon Pappy est mort , lui aussi, et pourquoi ils m'en parlent pas !"
J'allais avoir 25 ans .
Je ne me remis , jamais , de sa mort .Elle me hante.
Six mois ,plus tard, Mon Beau Père nous quittait , lui aussi.
Le monde s'écroula , alors.
Je sus que l'enfance s'était envolée.
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